En participant à la démarche d’“inspiration citoyenne” lancée par la métropole de Nantes, la France Insoumise de Loire-Atlantique interpelle fermement les élu·es nantais·es et métropolitain·es sur le devenir de l’Hôtel-Dieu, site hospitalier historique en plein centre-ville. Alors qu’on vante un “parc nourricier” et une “renaturation massive”, nous refusons l’idée d’une simple opération de communication et nous mettons en garde contre les effets d’annonce. Il y a urgence à préserver une offre de soins digne de ce nom et à combattre la crise du logement, dans une véritable co-construction avec les habitant·es.

Le transfert du CHU sur l’Île de Nantes, décidé sans mesurer les conséquences, a déjà aggravé l’accès aux soins et la crise de la psychiatrie. Dans un contexte de déserts médicaux et de crise profonde de la psychiatrie, nous considérons indispensable de maintenir, voire de développer, une offre de soins de proximité sur l’Hôtel-Dieu :

  • Une maternité de proximité, éventuellement sous forme de maison de naissance, publique, afin que les femmes enceintes puissent être accompagnées dans un cadre familial et accessible, à deux pas de tous les quartiers populaires du centre et du sud-Loire. 
  • Cette maternité et l’Hôpital Mère-Enfant (bâtiment mis en service en 2004, totalisant 300 lits) seraient modernisés et étendus, afin de répondre aux besoins de la population, pour accueillir à la fois la maternité, les services de pédiatrie, la pédopsychiatrie, ainsi que des infrastructures de consultation et de crèche hospitalière.
  • Des structures de psychiatrie et d’addictologie, alors que la crise de la santé mentale ne cesse de s’amplifier et que l’accompagnement des addictions reste insuffisant.
  • Un lieu dédié au traitement et à la réduction des risques liés aux addictions, permettant un accueil digne et un accompagnement de proximité.
  • Des services de soins de suite et de réadaptation gériatriques (SMRG), essentiels pour accompagner le retour à domicile et éviter les réhospitalisations ou la précarisation des personnes âgées. 
  • Un espace de consultation pluridisciplinaire (avec  infirmiers, médecins généralistes, dentistes, PASS, travailleurs sociaux…), pour répondre à l’urgence des soins de proximité, idéalement dans un véritable centre de santé, où les professionnels seraient salariés.
  • Des équipements de soins adaptés : hébergement d’urgence, lieux pour la prévention et le suivi des patients âgés ou chroniques. 

« Ce lieu n’appartient pas qu’à la Ville ou aux investisseurs : il est le bien commun de tous les Nantais, mémoire d’une ville solidaire, » insiste Mathieu Declercq, professionnel de santé, militant et animateur du groupe de travail “santé” à la France Insoumise 44. « Délocaliser les soins hors du centre-ville, c’est rompre avec notre histoire hospitalière. Nous devons préserver une maternité et des structures de santé publique à l’Hôtel-Dieu, dans la plus grande proximité pratique. Face aux déserts médicaux et à l’explosion des besoins, l’Hôtel-Dieu doit devenir un pôle de santé de proximité, de la maternité à la psychiatrie. »

Mais l’Hôtel-Dieu, ce n’est pas seulement la santé : c’est l’occasion de bâtir un quartier solidaire et écologique. Nous proposons : 

  • Un quota élevé d’au moins 1 500 logements, dont 40 % de logements sociaux, garantissant l’accès au centre-ville pour tous les profils de ménages, familles et étudiants, favorisant la mixité et contribuant à répondre à l’effort de 38 000 demandes insatisfaites sur la métropole ;
  • L’aménagement de continuités végétales sur un tiers du site, adossé à une intensité d’usage programmatique de l’espace public, pour lutter contre les îlots de chaleur et encourager le lien social ;
  • La réutilisation maximale et la réversibilité du bâtiment historique de la Croix, œuvre de Michel Roux-Spitz et classée “Patrimoine du XXe siècle”, permettent son adaptation et son réaménagement selon les besoins futurs, tout en le faisant évoluer subtilement dans un style du XXIe siècle, harmonieusement.
  • Un quartier de services publics : maternité, crèches, accueil médico-social, logements, espaces associatifs, infrastructures sportives et des équipements publics, pour que les habitants puissent y trouver des services essentiels.
  • Un quartier vivant pour ses habitants et les alentours, avec une place piétonne, des commerces de proximité et des aménagements adaptés aux familles et aux jeunes. L’objectif est de faire de l’Hôtel-Dieu un espace à taille humaine, où les résidents pourront s’approprier leur environnement et construire une véritable communauté de quartier.

« L’Hôtel-Dieu, c’est un test : soit on transforme ce lieu de soins historique en énième projet spéculatif, soit on en fait un quartier populaire, écologique et démocratique, » déclare William Aucant, conseiller régional nantais et animateur du groupe de travail “métropolisation” à la France Insoumise 44. « Dans un contexte de crise du logement et de désertification médicale, faire de ce site un pôle de services publics, c’est répondre à deux urgences majeures du XXIᵉ siècle : la solidarité et la durabilité. La mairie organise un concours de brillants jeunes architectes (Europan 17) avec un cahier des charges verrouillé, puis consulte après coup : c’est l’inverse d’une vraie co-construction. Si elle veut véritablement “innover”, qu’elle donne le pouvoir aux habitant·es, aux soignant·es et aux collectifs qui connaissent le site ! »

La France Insoumise 44, forte de ses combats passés contre le transfert du CHU, propose une feuille de route claire et une méthode pour l’Hôtel-Dieu, articulée autour de sept principes : maintien et renforcement d’une offre de soins (maternité, psychiatrie, addictions, etc.), création massive de logements sociaux, réhabilitation du bâti existant, refus de la spéculation foncière, continuité écologique, et surtout une véritable co-construction avec les premiers concernés – habitants, soignants, associations et collectifs (Stop Transfert – CAS CHU-Action-Santé – Hosto Debout…)

Nous appelons les élu·es à prendre la mesure du défi social et écologique dans ce haut lieu de l’histoire nantaise, et à réviser leur méthode pour mettre l’intérêt commun au premier plan. L’Hôtel-Dieu doit demeurer un bien commun, non un terrain de chasse pour promoteurs ni un banal décor verdoyant. Nous enjoignons tous les acteurs (élus, soignant·es, habitant·es) à s’unir pour faire de l’Hôtel-Dieu un laboratoire d’urbanisme démocratique et populaire, à la hauteur des enjeux d’aujourd’hui et de demain.

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